mercredi 14 septembre 2011

9 mois plus tard...



Bien que l'embryon et le foetus se développent durant 9 mois avant de naître, en ce qui me concerne, je ne crois toutefois pas qu'est né en mois l'"homme de maïs" après mes 9 premiers mois dans le monde Maya. Et ceci ce confirme suite au résultat plutôt piètre de ma première récolte d'épis de maïs. Sur la photo ci-dessus, on peut apprécier mes 5 premiers épis. Certes, l'épi qui contient seulement un grain (le 4ième à partir de la gauche) ne fera pas une grande tortilla!!

Mes 9 premiers mois dans ce pays du "coeur du monde Maya", me paraissent déjà comme 9 vies tellement j'ai vécu une quantité impressionnante de différentes expériences, qui m'ont d'ailleurs enseigné plusieurs leçons importantes. La clef pour moi fut de vivre intensément chaque moment dans ce nouveau monde remplis d'imprévus.

Par contre, au jour le jour, j'ai un rôle à jouer, j'ai des tâches à accomplir et j'ai des responsabilités à assumer. Malgré une routine qui tarde à s'installer (ou qui pourrait ne jamais s'installer et j'en serais très reconnaissant), je vais vous présenter, après ce premier 9 mois, ce à quoi ressemble une journée typique pour moi à Salacuim.

Première partie de la journée: Le réveil d'un gringo* dans la jungle

--Je pose les pieds hors du lit vers 6:30 du matin après une bonne nuit de sommeil sous la moustiquaire. Je dois avouer que les bruits nocturnes qui affectaient passablement mon sommeil durant les premiers mois, sont maintenant choses du passé puisque mes oreilles se sont miraculeusement adaptées à l'absurde concert musical nocturne du village. (cliquez ici pour en savoir davantage)

--Je prépare le café, en soufflant sur quelques fourmis qui travaillent jour et nuit à chercher quelques grains de café qui seraient tombés sur le comptoir.

--Je vais chercher le linge sale dans mon panier (panier produit par l'association des femmes artisanes de la région) et je traverse à la "salle de lavage" où je m'affaire à l'étape #1: tremper le linge dans un bassin rempli d'eau du puit et de savon à laver.

--Je me prépare un petit-déjeuner. Ce sera soit de l'avoine bouillie, des pancakes, des céréales avec des morceaux de fruits, ou des oeufs accompagnés de fèves noirs et de tortillas. Je déguste le tout avec un café et un soleil qui déjà fait sentir sa chaleur enveloppante.

--Je retourne à la "salle de lavage" et m'affaire à l'étape #2: frotter le linge, le rincer, le déposer dans un autre bassin d'eau avec une solution adoucissante, et 15 minutes plus tard, le torde et finalement l'étendre sur la corde à linge (parfois avec l'aide des mes amis les voisines-voir la photo ci-dessous).

--Je lave la vaisselle en m'assurant de faire disparaître la plus petite des graines de nourritures (petit astuce me servant à décourager mes petites colocataires les coquerelles), je me brosse les dents, prépare mon sac-à-dos et je me dirige vers l'office de la FUNDALACHUÁ.

*Un gringo n'est pas un animal sauvage, c'est plutôt une expression utilisée partout enAmérique latine pour identifier un étranger ayant une peau blanche.



Deuxième partie de la journée: Le travaille d'un volontaire étranger dans un monde de moins en moins étrange

--J'arrive aux installations de la FUNDALACHUÁ et je fais le tour des espaces de travaux afin de saluer les gens qui s'y retrouve (à noter qu'ici au Guatemala je m'exprime dans un espagnol local qu'on nomme le chapín).

--Je me dirige vers mon espace de travail, je m'installe et commence ma journée au bureau. Présentement mon rôle est de coordonner des opportunités de financement de projets au niveau de la région. Selon le cadre du financement, j'identifie une personne clef oeuvrant dans l'un des départements de l'organisation (administratif, forestier, production, social, forêt modèle, aire protégée). Ensemble on dessine un profil de projet et le soumettons au processus compétitif. En ce moment je travaille sur trois profils de projet:


  • #1: Une bourse de 2,500$ qui permetterait de renforcer l'institution de femmes artisanes régionales (ADIMIL) à générer leurs propres projets sur une base continue, de façon autonome et durable.

  • #2: Une bourse de 5,000$ qui permetterait à la Forêt Modèle Laguna Lachuá à préparer et divulguer un plan de communication pour atteindre son public cible éparpillé sur le territoire de l'Écorégion Lachuá

  • #3: Une bourse de 35,000$ qui permetterait d'améliorer l'infrastructure touristique présente dans l'aire protégé du Parc National Laguna Lachuá, ainsi que de rehausser le niveau de l'éducation environnementale, de l'éco-tourisme, et de la protection des animaux en voies de disparition.

--Je participe aussi aux réunions périodiques de la Forêt Modèle Laguna Lachuá, ainsi qu'à différents ateliers de formations et d'informations.



Troisième partie de la journée: Le dîner sous une chaleur intense et le retour au travail sous une sueur collante

--Entre midi et 13h00 les gens partent pour le dîner. En ce qui me concerne, soit je me prépare un mets à la maison ou soit je vais manger dans l'un des trois petits restaurants. Peu importe l'option, une chose est garantie: Le soleil et la chaleur seront de la partie, d'ailleurs j'ai rebaptiser le village de Salacuim pour Solacuim (sol signifie soleil en espagnol).

--Si j'ai le temps et la chance, je me permets un 15 minutes de balancement dans mon hamac, question de bien digérer :)

Quatrième partie de la journée: La fin de journée se déroule dans la joie, la folie et l'orage quotidien!

--La journée de travail terminée, c'est sur la route de retour vers chez moi où je suis reçu comme un roi par mes petits amis les voisins (le nombre d'enfants varie selon la journée, mais normalement ce sont entre 3 et 8 enfants, et un chien, qui voudront m'accompagner jusqu'à ma demeure).

--Je vide mon sac-à-dos, range mes affaires à l'abris, et me prépare à jouer une bonne demi-heure avec les enfants. Bienvenue au monde du désordre, de la folie et des rires amusants et contagieux des enfants. On danse, on chante, on joue aux chatouilles, on saute, on court. Lorsqu'il y a moins d'enfants je peux m'asseoir plus tranquille avec eux pour, par exemple pratiquer la lecture ou préparer une petite collation.

--Après m'être gaver de cette énergie infantile pure, je me prépare un repas léger afin de satisfaire et taire mon estomac jusqu'au matin.

--À partir de 17h00 et ce jusqu'au lendemain matin, on peut s'attendre à quelques orages de pluie, de vent, de tonnerres et d'éclairs. Une fois sur deux on a droit à une panne électrique qui pourra durer entre 2 minutes et 4 jours.



Cinquième partie de la journée: La nuit apporte la tranquilité, la paix, l'eau chaude et un paquet d'insectes

--En soirée je me prépare un thé, j'allume mon ordi portable et je me remets au boulot pour encore quelques heures (ou soit j'écris un texte pour mon blog, pour le journal, ou pour le pur plaisir d'écrire).

--Peu avant d'aller au lit, je fait bouillir une marmite d'eau qui va me servir à me laver. Fini les douches à l'eau froide! Je préfère maintenant me laver à la main en me versant de l'eau tiède sur le corps.

--Et bien entendu, avant de fermer la moustiquaire pour la nuit, je me brosse les dents et je jète un dernier coup d'oeil pour voir si un ami insecte nocturne est en visite non annoncée. (après m'être familiarisé à cohabiter avec des grenouilles, araignés géantes, coquerelles, sauterelles, papillons, fourmis, moustiques de tout genre, cigales, crapauds, poules, dindons, puces, tiques et j'en passe, je croyais avoir fais le tour. Mais non. Dernièrement j'ai eu la visite d'un scorpion et d'une chauve-souris. Vive la jungle!!



Alors ceci était un compte-rendu très condensé d'une journée typique après mes 9 premiers mois à Salacuim. Heureusement, je crois m'avoir bien adapter à cet environnement imprévisible et remuant de vie et d'énergie. Et bien entendu que dans les prochains mois je veux continuer à me convertir en un HOMME DE MAÏS!


Voici deux "enfants de maïs" en formation pour devenir "homme et femme de maïs"

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