dimanche 25 septembre 2011

Los Chapines (partie 3): La résignation

Chers compagnons lecteurs et lectrices, comme vous le savez tous, nous vivons actuellement dans un monde politique, économique et sociétal de plus en plus superficiel et illusoir. C'est vraiment le temps qu'on accepte le souffle d'un vent de changement. Mais en attendant il faut continuer à vivre, à travailler, et à s'amuser. Pour les activistes, il y a présentement deux manifestations pacifiques très intéressantes et importantes qui ont lieu aux États-Unis: Occupy Wall Street et October 2011 Movement. À suivre.

Moi bien entendu je continue à vous présenter mon expérience au Guatemala en vous partageant mes expériences, mes observations, mes opinions, et sans oublier mes réflexions philosophiques :-)


Lire, observer, réfléchir, partager (photo gracieuseté: Eva Margarita Medina Müller)

Maintenant je vous présente le 3ième d'une série de courts textes sur les Chapíns, le surnom qu'on donne aux Guatémaltèques. Lors du premier texte j'avais justement présenté l'origine du surnom chapín (cliquez ici pour lire la partie #1). Lors du 2ième texte j'avais écris sur les Chapíns et le monde des imprévus (cliquez ici pour lire la partie #2). Ceci étant dit, je vous présente la partie #3: Les Chapíns et la résignation.

La résignation c'est quoi?
Voici quelques définitions et synonymes:
  • état d'esprit qui manifeste un renoncement fataliste (définition Le Dictionnaire)
  • state of uncomplaining frustration (déf. Wiktionary)
  • abandon, renoncement, acceptation (synonymes)

Cela fait déjà plusieurs mois que je me pose la question suivante:

Est-ce que le Chapín est une personne (un peuple) résigné?
Répondre à cette question n'est pas de tout repos. Écrire un texte sur ce thème est délicat et personnel, surtout que je n'ai pas étudié le sujet en profondeur. Je n'ai donc aucune preuve à l'appui. C'est plutôt par l'art de l'observation et le fait de cotoyer ces gens jours après jours que je me permets, non pas de tirer une conclusion, mais de tenter de répondre à une question et de la partager.

D'où vient mon questionnement?
Comme étranger venant d'un pays riche (le Canada), c'est naturel qu'on voudrait que les autres pays aient droit à notre confort, à notre système d'éducation et de santé, et à nos services sociaux. Cependant, le niveau et la qualité de vie canadien n'est pas arrivée gratuitement. Il ne nous a pas tombé du ciel. Il a fallu de grands efforts et une volonté invincible de plusieurs personnes afin de le créer et de le maintenir.

Le fait que les Chapíns attendent que les choses arrivent au lieu de les faire arriver, qu'ils ont beaucoup d'idées mais peu d'initiatives, qu'ils manquent de discipline face à leurs compromis, et qu'ils parlent beaucoup mais agissent peu, me permets de dire, avec modestie, que les Chapíns sont un peuple résigné à leur sort. Oui vous avez raison. C'est comme si je saute à une conclusion, mais attendez un peu. Continuons.

Afin de comprendre pourquoi les Chapíns sont ainsi, il faut avouer que dans un monde instable, fragile, corrompu, et rempli d'imprévus, c'est peut-être normal que les gens ne planifient pas trop, que ce soit à court, moyen ou long terme, mais décide plutôt d'accepter ce que la vie leur présente. Afin de justifier ma réflexion, passons ensemble à quelques questions clefs.

Pourquoi un peuple déciderait-il de se résigner?
Tout d'abord il faut mentionner que le Guatemala et les Chapíns vivent la culture des pays du sud. Il fait soleil, il fait chaud, parfois très chaud, les gens sont relaxes, il semble profiter plus de la vie, et non pas d'un développement économique perpétuel. On doit aussi mentionner que le Guatemala est un pays composé à 85% d'autochtones. On le sait que l'assimilation catholique espagnol qu'ils ont subient leurs ont fait perdre leur identité, leurs coutûmes, leurs croyances. Et aujourd'hui ils doivent encore faire face à une discrimination quotidienne, quelle soit transparente ou non.

Et ce n'est pas tout. Les Chapíns ont vécu pendant 36 ans une guerre civile terrible (1960-96), ce qui a crée des répercusions physiques et psychologiques à long terme aux familles affectées. Toute cette destruction, cette migration forcée, et cette division des classes a laissé un goût amer dans la vie de plusieurs milliers de personnes, et a crée un environnement social de faible confiance.

En plus, lorsqu'on s'aperçoit qu'au Guatemala la corruption est tellement forte, que les lois ne sont pas appliquées, que l'impunité est la règle, que la démocratie est fausse, que le tout dure depuis des années, voir des décennies, et que touts les efforts sont détournés et étouffés par une poignée de familles puissantes, il y a lieu à se résigner.

Alors c'est peut-être que lorsqu'il n'y a plus d'espoir de changement, qu'on se résigne.

La résignation, c'est positif ou négatif?
Même après tout ça, peu de gens au Guatemala vont se plaindre. Ils sont tous conscient des nombreux problèmes qui existent dans leur pays. Ils les affrontent peu à peu, un pas à la fois. Nous quand on pense au mot résignation, on le voit négativement. Ici par contre, il y a des gens qui le voient positivement. Pour certains la résignation veut dire accepter la situation telle quelle se présente parce qu'elle nous donne des opportunités pour du changement positif dans le futur.

Pour moi, éternel positif, le bon dans tous ça (la résignation) est qu'ici on ne cherche pas l'excès ni la croissance perpétuelle. On est heureux avec peu.

Si je me metterais dans la peau d'un Chapín, je dirais quelque chose comme:
"J'accepte mon sort, je suis heureux. Je croix que les opportunités réelles sont au nord: Mexique, États-Unis, Canada. Ici, je vis avec peu, en essayant de donner à ma famille la nourriture, un toit et les vêtements nécessaires pour vivre. Je ne me plains pas. C'est comme ça."

Mot de la fin:
Ce n'est pas évident de laisser sous-entendre qu'un peuple est résigné à son sort. Mais quand on voit tout les problèmes et les difficultés auxquels les Chapíns doivent faire face, on comprend que c'est possible qu'ils le soient.

En terminant, il vaut la peine de souligner aussi que le système d'éducation du Guatemala est faible, inaproprié, et inaccessible pour plusieurs jeunes et moins jeunes. Ce qui fait qu'une grande partie de la population ne réussie pas à obtenir des outils de combat qui leurs permetteraient de surmonter le mur de la résignation.

On le sait très bien que garder la masse de la population dans l'ignorance rend la tâche beaucoup plus facile pour ceux qui détiennent le pouvoir et le contrôle.

J'espère que vous avez apprécier ce troisième texte sur les Chapíns.
Vos commentaires sont les bienvenues.

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